5 questions à se poser pour calculer la rentabilité locative

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Article rédigé par Thibault Pastour (ex-banquier d'affaires et certifié AMF)

 

Vous vous intéressez à l’investissement locatif ? Excellente décision : bien mené, ce type de placement peut devenir un puissant levier de revenus passifs et de constitution de patrimoine. Mais avant de vous lancer tête baissée dans l’achat d’un bien, une étape reste incontournable : le calcul de la rentabilité locative.

 

Pourquoi ? Parce qu’il s’agit du baromètre de viabilité de votre projet. Il vous permet de savoir si votre investissement est réellement intéressant, s’il couvrira vos charges, générera des bénéfices… ou risquera de vous plomber financièrement.


Que vous soyez un investisseur débutant en quête de votre premier studio ou un pro de la pierre cherchant à affiner votre stratégie, ce calcul mérite toute votre attention. Pour vous aider à y voir clair, voici les 5 questions essentielles à se poser pour maîtriser cette étape cruciale et sécuriser vos futures décisions.

Table des matières

1. Brut ou net : quel type de rentabilité dois-je calculer ?

La première question fondamentale concerne le choix du type de rentabilité à analyser. Il existe 3 niveaux de calcul distincts, chacun apportant un éclairage différent sur la performance de votre investissement locatif.

 

  1. La rentabilité brute constitue le calcul le plus simple : elle s’obtient en divisant le loyer annuel perçu par le prix d’achat du bien, et en multipliant le résultat par 100. Par exemple, un studio acheté 150 000 € et loué 650 € par mois rapporte [(650×12)/150000]x100 soit 5,2% bruts. Cette approche permet une première comparaison rapide entre des biens similaires, mais reste approximative car elle ne prend pas en compte les charges.
  2. La rentabilité nette de charges offre une vision plus précise et réaliste en retranchant du loyer annuel les différentes charges telles que : la taxe foncière, les charges de copropriété non récupérables sur le locataire, les frais de gestion locative… Cette méthode tient compte des entrées et sorties d’argent réelles et permet ainsi de mieux mesurer les tenants et aboutissants de votre placement immobilier.
  3. La rentabilité nette-nette va encore plus loin en intégrant dans les charges les prélèvements sociaux, les impôts liés aux revenus locatifs ou encore les frais de notaire lors de l’achat. Ce calcul varie selon le profil fiscal de l’investisseur, notamment son taux d’imposition.

2. Quels sont les coûts à intégrer dans mon calcul de rentabilité ?

Une évaluation précise de la rentabilité locative nécessite d’identifier de façon exhaustive tous les coûts liés à votre investissement. Cette question est cruciale car de nombreux investisseurs sous-estiment les charges réelles de leur bien locatif.

 

Dans le prix d’acquisition du bien, vous devez inclure non seulement le prix d’achat du bien, mais aussi les frais annexes tels que les honoraires de notaire, les frais d’agence et d’éventuels travaux de rénovation ou d’amélioration.

 

Pour information, les frais de notaire représentent en moyenne entre 7 et 8% du prix d’achat dans l’ancien contre 2 à 3% du prix d’achat dans le neuf.

Côté charges récurrentes, comme énoncé précédemment, plusieurs postes sont à considérer :

  • la taxe foncière payée par le propriétaire,
  • les charges de copropriété non récupérables,
  • les frais de gestion locative (généralement 10% des loyers),
  • les travaux d’entretien et de rénovation,
  • les assurances (garantie loyers impayés (GLI), assurance propriétaire non-occupant (PNO)),
  • et les frais bancaires liés au crédit immobilier.

 

Pour info, les charges déductibles des revenus fonciers comprennent les dépenses de réparation, d’entretien et d’amélioration, les intérêts d’emprunt, les frais de gestion, les assurances, et diverses taxes. Une bonne maîtrise de ces déductions fiscales peut considérablement améliorer la rentabilité nette de votre investissement.

3. Comment évaluer le potentiel locatif et la tension du marché local ?

L’évaluation du potentiel locatif du bien constitue un pilier de l’analyse de rentabilité. Cette question implique de comprendre la demande locative locale et les prix du marché.

 

L’emplacement demeure le critère déterminant pour assurer une rentabilité durable. Un bon emplacement garantit la valorisation du bien sur le long terme, amortit le choc d’un éventuel retournement du marché, permet de trouver facilement un locataire et de louer à un bon prix. Les critères à analyser incluent l’image du quartier, sa desserte en transports, ses équipements collectifs, la proximité des commerces, écoles et services.

 

La tension locative mesure le rapport entre l’offre et la demande de logements locatifs. Une forte tension locative se traduit par des délais de location courts et une stabilité des loyers. Pour l’évaluer, examinez les annonces locatives similaires, les délais moyens de location dans le secteur, et les perspectives de développement économique local.

 

Le choix de l’emplacement doit être guidé par la combinaison du rendement et de la tension locative de la ville. Par exemple, début juillet 2025, voici les rendements bruts pour des grandes et moyennes villes françaises :

  • 3,46% pour Paris,
  • 5,55% pour Marseille,
  • 5,66% pour Lyon,
  • 6,19% pour Le Havre
  • et 7,45% pour Saint-Étienne

(Source : le site Horiz.io qui analyse les investissements locatifs dans toutes les villes de France).

4. Quel sera mon cash-flow mensuel ?

Le calcul du cash-flow, ou en français “flux de trésorerie”, représente la somme d’argent que génère votre investissement locatif à la fin de chaque mois.

Cette quatrième question est essentielle car elle détermine si votre investissement sera autofinancé ou nécessitera un effort d’épargne personnelle.

Le calcul du cash flow mensuel s’effectue ainsi :

Loyers nets perçus – (Mensualité de crédit + Charges non récupérables + Frais de gestion + Provision pour travaux + Assurances) = cash-flow

Ainsi, on distingue le cash-flow positif du cash-flow négatif.

Le cash-flow positif signifie que les loyers perçus couvrent toutes les charges mensuelles (remboursement du crédit, charges, frais de gestion, provisions pour travaux). C’est l’objectif idéal pour générer des revenus complémentaires immédiats.

Le cash-flow négatif peut faire partie d’une stratégie patrimoniale où l’investisseur mise sur la plus-value à la revente plutôt que sur la rentabilité locative immédiate. Cette approche demande donc un effort d’épargne mensuel mais peut s’avérer pertinente dans certains contextes de marché, particulièrement dans les grandes villes où les prix au m2 sont très élevés.

Vous l’aurez compris, une simulation précise de votre cash-flow permet d’anticiper l’impact financier réel de votre investissement sur votre budget personnel.

5. Comment optimiser ma fiscalité et financer mon projet ?

La dernière question essentielle concerne l’optimisation fiscale et le mode de financement, deux leviers cruciaux pour améliorer la rentabilité effective de votre investissement.

L’effet de levier du crédit permet d’augmenter sa capacité d’investissement en utilisant l’endettement bancaire. Au lieu de mobiliser uniquement son épargne, l’investisseur emprunte une somme plus importante, lui permettant d’acquérir un bien de valeur supérieure et potentiellement de percevoir plus de revenus. Les intérêts d’emprunt sont intégralement déductibles des revenus fonciers, ce qui constitue un avantage fiscal non négligeable.

L’optimisation fiscale peut considérablement améliorer la rentabilité nette. Plusieurs stratégies s’offrent à vous :

  • le statut de loueur en meublé non professionnel (LMNP) : il permet d’amortir le bien et les meubles,
  • la création d’une société civile immobilière (SCI) dans certains cas,
  • l’exploitation du déficit foncier,
  • l’exploitation en location saisonnière,
  • ou encore l’investissement dans des dispositifs défiscalisants comme le LLI (Logement Locatif Intermédiaire) qui offre une TVA réduite à 10% (au lieu de 20%) et un crédit d’impôt sur la taxe foncière.

Le choix entre location nue et location meublée influence également la fiscalité. En location nue au régime réel, vous pouvez déduire l’ensemble des charges réelles. En location meublée avec le statut LMNP, vous bénéficiez d’amortissements qui peuvent considérablement réduire, voire annuler, l’impôt sur les revenus locatifs.

La capacité d’emprunt doit être évaluée précisément avant toute recherche, en tenant compte de vos revenus, charges existantes, et de votre taux d’endettement global (qui ne doit pas dépasser les 35%). Cette évaluation détermine votre budget maximal et oriente efficacement vos recherches vers des biens adaptés à vos moyens financiers.

Pour conclure, la maîtrise de ces 5 questions fondamentales vous permettra d’aborder votre projet d’investissement locatif avec méthode, rigueur et lucidité. Bien plus qu’un simple calcul, c’est une véritable démarche stratégique qui vous aidera à prendre des décisions éclairées, à anticiper les imprévus et à optimiser chaque euro investi.

Que vous soyez à vos débuts ou déjà expérimenté, n’hésitez pas à vous appuyer sur des outils pratiques : un fichier Excel bien construit peut faire des merveilles, tout comme les simulateurs de rentabilité locative disponibles en ligne, très intuitifs et performants.

Rappelez-vous que dans l’investissement, la rentabilité ne laisse aucune place à l’approximation. Plus votre analyse est fine, plus vos chances de succès augmentent. En combinant calcul, réflexion et stratégie, vous mettez toutes les chances de votre côté pour bâtir un patrimoine immobilier solide et rentable, à court comme à long terme. Alors, prêt à passer de l’intention à l’action ?

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